Une amie a souhaité poser pour moi. « J’aime ton travail, ton univers… mais je ne veux pas que l’on voit mon visage ».
Alors préparer et penser des séances « sans visage » bouscule les habitudes, les codes. Cette contrainte peut rendre l'exercice intéressant, mais cette idée de camouflage peut rendre discutable l’idée même de portrait. Un « anti-portrait » donc ?
Cette absence de représentation du visage fait naître une forme de manque que le modèle semble comprendre et vouloir compenser avec son corps. Il nous le « donne » généreusement, sans retenue, sans pudeur… Et ce corps, souvent dévêtu, semble alors jouer le rôle principal.
Notre visage est constamment exposé au regard des autres individus, le corps au contraire reste dissimulé. Notre visage montre qui nous sommes, nous expose aux autres, reste notre première arme pour réussir, pour séduire. On reconnaît une personne avant tout par son visage.
Ne pas vouloir affronter son image, ses imperfections questionne : pourquoi ce besoin de « porter » un masque comme pouvait le faire quelques peuplades primitives ?
AUTOPORTRAIT : Pour un photographe, c’est enfin retourner l’appareil vers soi. Se regarder, se mettre en scène, tenter de saisir l’émotion de l’instant.
Gilles LASSELIN est né en banlieue parisienne. Il se retrouve très vite un appareil photographique entre les mains. Un outil d’ouverture aux autres, une manière d’explorer et de s’ouvrir au monde.
La plupart de ses photographies donnent à voir de l’humain et de l’objet, de l’humain face à l’objet. Mais ce sont des portraits avant tout, pour témoigner, pour tenter de comprendre les relations humaines.
Le corps imprime aussi fortement ses images. Des corps en mouvement, des corps en souffrance, des corps nus et bruts. L’objet devient alors prétexte à une mise en scène, mais permet surtout au modèle de s’oublier et de mettre en place un trio atypique : objet, modèle et photographe.
Gilles LASSELIN semble avoir une prédisposition, une passion, une fascination même pour la contemplation des humains qui l’entourent, dans leur quotidien, dans leurs gestes. Dans leur curiosité mutuelle à s’émerveiller du monde environnent.
« Je ne sais pas si je fais de la photo pour provoquer des rencontres ou bien si ce sont ces rencontres qui deviennent envie ou prétexte à une séance de prise de vue et comme tout a été déjà fait en photo, sauf par moi …! (merci F.Truffaut) »
Les photographes qui m’inspirent : Francesca Woodman – Rudolf Koppitz – Jean Loup Sieff – Jim Marshall – Michael Kenna – Richard Avedon – Nick Brandt – Patrick Demarchelier – Peter Lindbergh – Helmut Newton.
Merci aux personnes ayant posé pour moi.
Merci à certains mots qui m’accompagnent de : Ramon Gomez de la Serna, M, Aubert, Moissec, Daran, Smith, Cantat, Gainsbourg, Verlaine, Souchon…
